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Mayina

3 juin 2008

International charity gala

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African child
international charity gala


amely« I have the great pleasure to invite you to the African child international charity gala, which will be held in Paris, Salon Hoche, on 13th june 2008”. (Mandatory confirmation here. For information contact : contact@mayina.info)

 

“I already thank the generous donators for their involvement in such an universal cause: children care, also in or from Africa”

 

Amely-James KOH BELA

 

 

 

This first edition organized by MAYINA French NGO, celebrates the international day of African child. People from economics, politics, arts, sports, people from France, USA, Africa and the rest of the world, all together will join us and give their support to this worldwide cause: African children care.

 

  • For you, this gala is the opportunity to give your support,

 

  • For you, this gala is the opportunity to meet People,

 

  • For you, this gala is the opportunity to spend a pleasant time, in an exceptional location,

 

  • To listen to a unique concert conducted by the famous Rido Bayonne, the only African conductor able to manage a big band of more than 30 musicians and artists coming from every part of the world.

 

  • To watch exhibition of creators from Europe and Africa

 

  • To taste food from Africa, cooked by a famous cooker from Paris,

 

  • To buy by auction a unique chef-d’œuvre for the benefit of the  NGO.

 

You will receive a receipt for your donation (fiscal advantages for France). Your donation will finance campaigns in Africa in order to inform parents and prevent children from sexual abuses and violence. Your donation will also finance projects as education, business development in order to give parents the means to better educate and protect children.

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3 juin 2008

Gala International

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Gala International de Bienfaisance

L'Enfant Africain

 

amely« Je vous invite au Gala International de Bienfaisance L’Enfant Africain, qui se tiendra le vendredi 13 juin 2008 à Paris Salon Hoche ». (Confirmation obligatoire Ici ou information contact@mayina.info)

« Je remercie d’ores et déjà les généreux donateurs pour leur mobilisation et leur sensibilité à cette cause humaine et universelle : la protection de l’enfant, même africain ».

Amély-James KOH BELA


L’association Mayina organise pour la première fois cet événement inédit qui réunira les personnalités du monde économique, politique, artistique et sportif de France, d’Afrique, des Etats Unis et du reste du monde.

Outre soutenir une cause apolitique et humanitaire et rencontrer ces personnalités,

  • Venez partager un moment de plaisir, plaisir des sens dans un cadre exceptionnel,
  • Venez écouter le concert unique dirigé par l’illustre Rido Bayonne, le seul chef d’orchestre africain à diriger un big band international de plus de 30 musiciens et artistes venus du monde entier.
  • Venez admirer l’exposition-vente de créateurs européens et africains,
  • Venez apprécier les saveurs d’Afrique cuisinées par un des plus grands chefs de Paris,
  • Venez participer à la vente aux enchères d’une pièce unique, au profit de l’association.

Tous vos dons feront l’objet d’un reçu fiscal déductible des impôts. Vos dons serviront à financer des campagnes de prévention de toutes formes d’abus à l’encontre des enfants. Vos dons serviront également à financer des projets de développement afin de permettre aux parents d’avoir les moyens d’élever dignement leurs enfants en Afrique.

 

2 juin 2008

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amely" I have the great pleasure to invite you to the African child international charity gala, which will be held in Paris, Salon Hoche, on 13th june 2008”. (Mandatory confirmation. See below.)

" I already thank the generous donators for their involvement in such an universal cause : children care, also in or from Africa."

                                                        Amely-James KOH BELA

This first edition organized by MAYINA French NGO, celebrates the international day of African child. People from economics, politics, arts, sports, people from France, USA, Africa and the rest of the world, all together will join us and give their support to this worldwide cause: African children care.

  • For you, this gala is the opportunity to give your support,

  • For you, this gala is the opportunity to meet People,

  • For you, this gala is the opportunity to spend a pleasant time, in an exceptional location,

  • To listen to a unique concert conducted by the famous Rido Bayonne, the only African conductor able to manage a big band of more than 30 musicians and artists coming from every part of the world.

  • To watch exhibition of creators from Europe and Africa

  • To taste food from Africa, cooked by a famous cooker from Paris,

  • To buy by auction a unique chef d’œuvre for the benefit of the NGO.

29 avril 2008

Nos partenaires

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Nos partenaires


unesco    amensty    croix_rouge

ecpat  scelles  OIM

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cipcre

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volte



Mais aussi  :

  • Confédération de la Lutte contre le Trafic des Enfants

  • Secours catholique CARITAS

  • Association contre la prostitution des enfants

  • X Afrique

  • Mira : Mouvement Ivoirien de Réflexion et d’Actions

  • Women of Africa, Bénin

  • FEMAD - Femme action développement, réseau de 300 ONG, Côte d'Ivoire

  • Avenir de l'enfant, Sénégal

  • Association des femmes tunisiennes de France

  • France euro méditerranée

  • Fondation Mendela, Afrique du Sud

  • La voix de l'enfant, France

  • Un regard, un enfant, France

  • Collectif contre la traite des êtres humains, France

25 avril 2008

Dans l’enfer de la prostitution africaine en Europe

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Dans l’enfer de la prostitution africaine en Europe
Amély-James Koh Bela, ou l’engagement total d’une femme de terrain

 


Zoophilie, scatologie, pédophilie, prostitution familiale, drogue, règlements de compte, Amély-James Koh Bela aura tout vu en matière de prostitution africaine en Europe. Acteur social sur le terrain depuis plus de 12 ans, elle a dressé un état des lieux effrayant des pratiques et des réseaux à travers un ouvrage de référence. Mais comment a-t-elle traversé cet univers de perversion et de violence en tant que femme et qu’être humain ? Les séquelles psychologiques sont profondes mais son engagement intact. Interview.

Par David Cadasse pour Afrik.com

Voir des femmes faire l’amour avec des chiens, discuter avec des mères qui prostituent leurs enfants à domicile, être directement confrontée à la pédophilie, c’est ce qu’Amély-James Koh Bela a dû, entre autres, affronter pendant plus de douze ans dans le cadre de son enquête sur la prostitution africaine en Europe, titre de son ouvrage qu’elle a tout récemment publiée. Un travail de longue haleine, pour un cavalier seul courageux et militant. Peut-on sortir indemne d’une telle expérience ? Est-on hantée par les images chocs, de violence ou de douleur ? Comment fait-on pour aller au-delà et continuer la lutte ? Amély-James témoigne...

Afrik : Vous avez été témoin de choses très violentes pendant vos douze ans de travail et d’observation sur le terrain. Comment sort-on d’une telle expérience ?
Amély-James Koh Bela :
On ne sort pas de là sans séquelle. Je suis une femme meurtrie, choquée, blessée et qui regarde la gent masculine avec un peu de distance. J’ai été témoin de choses extrêmement dures. Ce ne sont pas des cassettes que j’ai regardées : c’est la vérité. J’ai des images qui me reviennent tout le temps. De jour comme de nuit. Il suffit que je sois seule pour que les choses remontent à la surface. Il n’y a pas un soir où je ne revois pas les filles. Celles qu’on a perdues dans les suicides ou les règlements de comptes entre filles, qui n’hésitent pas à se lacérer à coups de couteau. Je pense aussi à toutes celles avec des déchirements vaginaux ou anaux terribles. C’est comme si je revivais les situations. Chaque fois que je tombe sur une fille blessée, j’ai mal. J’ai l’impression que j’ai la même blessure qu’elle.

Afrik : Quel est le souvenir le plus émouvant que vous ayez ?
Amély-James Koh Bela :
Le souvenir le plus émouvant dont je me souvienne est celui d’un petit garçon qui était prostitué dans sa maison par sa tata. Le jour où je suis allée voir cette femme, le petit garçon de sept ans vient vers moi en larmes, me serre très fort en me demandant de dire à sa « maman » de me promettre que le Monsieur Blanc qui vient le soir ne le touchera plus. Nous étions tous en larmes. Et la "maman" me dit : « Si je prostitue encore cet enfant, il vaut mieux que tu me mettes à la police. Je te promets que je le toucherai plus ». Et je sais qu’elle ne l’a plus refait. Il avait déjà deux ans de prostitution derrière lui. Elle a demandé que l’enfant aille vivre chez un autre oncle. Cet enfant est maintenant dans un lycée, il a eu son BEP (Brevet d’étude professionnel, ndlr) avec mention.

Afrik : Et votre souvenir le plus difficile ?
Amély-James Koh Bela :
Je parle toujours de ce petit garçon qui refuse de me lâcher, qui m’attrape la main tellement il a mal. Il sort d’une passe et a les fesses en sang. Pour qu’il arrête de pleurer, je suis obligée de l’accompagner aux urgences à l’hôpital cette nuit-là. On a retrouvé dans son corps des petits morceaux de carotte. Tout ça pour 70 euros. Que l’enfant a même abandonnés sur le trottoir tellement il souffrait.

Afrik : Avez-vous déjà craqué sur le terrain ?
Amély-James Koh Bela :
Les pompiers sont plusieurs fois venus sauver une fille et moi j’étais à côté avec une perfusion. Aujourd’hui j’en parle avec détachement, mais croyez moi, les trois premières années, j’étais aussi malade que les filles. J’avais des malaises. Parfois je m’évanouissais.

Afrik.com : Comment trouve-t-on la force de continuer quand on est témoin de choses dont on sait qu’elles vont nous faire si mal ?
Amély-James Koh Bela :
Je ne parle pas beaucoup de ma vie, mais je suis quelqu’un qui a eu une enfance très difficile. Donc j’ai trouvé la force de continuer en me surpassant. J’utilisais mes douleurs pour aller au-delà. Et c’est le même schéma aujourd’hui. Chaque fois que j’ai une souffrance en face de moi, elle me donne du courage. Je surpasse la douleur. Je sors de là détruite, mais je sors quand même. Ce fut un énorme sacrifice, mais qui en valait le coup.

Afrik.com : Comment avez-vous réagi par rapport à certaines pornographies extrêmes, type scatologie ou zoophilie ?
Amély-James Koh Bela :
J’ai été extrêmement choquée par certaines pratiques dont je ne soupçonnais même pas l’existence, comme la scatologie (le fait de manger des excréments, ndlr). Au départ je mettais les discours que j’entendais sur le compte de la drogue ou de la folie. Je me suis infiltrée un jour sur le tournage d’un film zoophile, j’ai été traumatisée. Je n’arrivais plus à manger. Je suis tombée malade, j’ai été hospitalisée deux semaines. J’ai eu besoin d’un psy pendant six mois pour évacuer le choc. J’ai repris le dessus, mais je vous jure que pendant des années je n’ai pas pu regarder un homme dans les yeux.

Afrik.com : Est-ce que les filles qui font cela assument leurs actes ?
Amély-James Koh Bela :
Il y a une fille qui m’a envoyé un email pour m’engueuler après un passage sur la radio RFI. « Oui je mange de la merde et je bois même des urines. L’odeur dérange mais après on s’en fout. Je mangerai autant de merde que je peux, mais si vous pouviez voir les yeux de ma mère quand je lui envoie de l’argent, vous arrêteriez de gueuler à la radio comme vous le faites. »

Afrik.com : Le fait de parler, de dénoncer certaines pratiques extrêmes, n’a-t-il pas l’effet inverse, car en somme vous intriguez beaucoup de personnes avec, ou vous attirez même les pervers ?
Amély-James Koh Bela :
Malheureusement oui. Quand nous avons fait le dossier sur Afrik.com, j’ai fait l’erreur de donner le nom d’une cassette zoophile. En deux jours, le vendeur était en rupture de stock.

Afrik.com : Vous avez eu une large couverture médiatique sur votre travail. N’avez-vous pas peur que votre message soit perverti ?
Amély-Jales Koh Bela :
C’est vrai que tout le monde essaie de récupérer le sujet. Mais beaucoup de journalistes se focalisent uniquement sur les pratiques. Une approche un peu voyeuriste du sujet que je déplore un peu.

Afrik.com : Concernant votre travail d’enquête, quels étaient vos rapports avec les proxénètes pour les filles dans la rue ?
Amély-James Koh Bela :
Ils me toléraient. Ceux que j’ai rencontrés ne sont pas les gros bonnets, mais de simples surveillants. De toutes les manières je n’ai jamais été un problème pour les proxénètes, et ils me le faisaient bien comprendre en me narguant même parfois. Certains me disaient : « Continue d’aboyer, tu nous fais rire, continue de faire ta petite pub. Tu ne nous empêches pas de bosser, parce que si c’était le cas, tu ne serais plus là ». La personne me disait : « Demain je fais venir dix filles du Sénégal, juste pour te montrer que tu nous fait chier. Tous les gens que tu essaies d’alerter ce sont eux qui nous permettent de faire passer ces filles ». Il y en a qui n’hésitent pas dire qu’ils ont les téléphones portables de certains hauts responsables consulaires.

Afrik.com : N’est-ce pas là, dans ce cas, un combat illusoire que vous menez sur le terrain ?
Amély-James Koh Bela :
C’est vrai que c’est un combat vide, parce qu’il n’y a pas de volonté politique de lutter contre ça. Et tant qu’il y aura une telle complicité, la prostitution aura de beaux jours devant elle. Mon combat auprès des proxénètes est à un autre niveau. Je leur ai demandé de commencer par ne pas mettre les filles qui sont là de force, encore moins les mineurs et les enfants.

Afrik.com : Quels étaient vos rapports avec les femmes qui prostituaient leurs enfants à domicile ?
Amély-James Koh Bela :
Il faut bien remettre les choses dans leur contexte. Je ne suis pas chez les Albanais, mais dans un milieu africain. Je suis chez moi. Je suis parfois dans des maisons où je parle la langue. Donc quand je rentre dans une maison, je ne suis pas l’assistante sociale qui rentre avec ses cheveux blonds. Quand je parle à la femme qui prostitue ses enfants à domicile, je l’appelle maman ou mère. Je me place en tant que sa fille. Je ne la regarde pas dans les yeux. Je suis là comme une enfant qui implore sa mère de l’aider à sauver ses enfants.

Afrik.com : Comment étiez-vous au courant des différents cas ?
Amély-James Koh Bela :
Par les associations. La plupart de ces femmes militent dans des associations pour construire des écoles en Afrique, contre le sida, pour les enfants déshérités... J’ai très souvent été mise sur les pistes par des délations. Du genre « Elle a beaucoup de dons parce que ces filles couchent avec un Blanc... ». Alors je prends des rendez-vous. Il faut y aller franco mais en y mettant tout le respect autour pour les adoucir. Je lui dis que je ne viens pas pour rien et que la rumeur dit ceci. Donc je suis venue te voir maman pour voir si c’est vrai parce qu’on ne sait jamais...

Afrik.com : Il semble invraisemblable de pouvoir rentrer dans une maison pour discuter avec des femmes sur le fait qu’elles prostituent chez elles leurs enfants. Comme avez-vous fait ?
Amély-James Koh Bela :
C’est vrai qu’il faut au départ ruser pour entrer. Mais quand tu viens, la maman sait déjà qui tu es. Il y avait comme une sorte de pacte entre nous. Et c’est ce que beaucoup d’agents sociaux me reprochent. Ils considèrent cela comme de la collaboration. Je dis simplement que je fais un travail de sensibilisation. Il faut d’abord faire comprendre à la personne que ce qu’elle fait n’est pas bien. Ce travail là m’a permis de récolter de nombreuses informations sur le fonctionnement des pratiques. Ces informations seront mises à disposition des acteurs sociaux pour mieux surveiller des enfants d’origine africaine qui ont certains problèmes qu’on n’avait jamais pu comprendre jusqu’à présent. Et ils pourront mieux être pris en charge.

Afrik.com : Et quelles étaient les réactions des mères quand vous abordiez le sujet ?
Amély-James Koh Bela :
Elles sont souvent très violentes les cinq premières minutes. « On t’a raconté n’importe quoi. C’est de la jalousie. Les gens ne m’aiment pas... ». Elles se calment souvent après, même si pour certaines j’ai dû revenir deux ou trois fois.

Afrik.com : Quels sentiments ont-elles par rapport à ce qu’elles font ?
Amély-James Koh Bela :
Il y a comme un remords. Elles expliquent cela par une sorte de fatalité en pleurant qu’elles n’ont pas le choix. « Mais qu’est ce que tu veux que je fasse. Je suis dans un pays, je n’ai pas de papiers, mes enfants non plus, je fais les ménages, mais ça ne suffit pas. J’ai fait ça pour le bien de la famille, mais Dieu seul sait que je ne voulais pas le faire. » D’autres vous disent qu’elles préfèrent faire ça, parce que comme elles sont dans une cité chaude, elles disent qu’on va violer leur fille dans une cave et qu’elles préfèrent la protéger. Certaines sont carrément arrogantes. Elles vous disent qu’elles sont « fières parce qu’elles ont aidé 40 filles ». Toutes les femmes, quelles qu’elles soient, refusent le terme de « prostituer ». Il s’agit pour elles d’une aide.

Afrik.com : Un tel raisonnement concernant une adolescente pourrait tenir la route mais qu’est-ce qui amène des mères à prostituer des enfants cinq ans ?
Amély-James Koh Bela :
Tout simplement la cupidité. Les femmes qui font ça sont bardées d’aides sociales. Elles cumulent tellement d’aides qu’elles peuvent se faire jusqu’à 2 000 euros par mois. Ce n’est pas l’argent qui manque. Mais il y a une course effrénée vers le fric. C’est le besoin de paraître qui importe, d’entretenir une certaine image en Afrique. Elles prennent le prétexte de conditions de vie difficiles en Europe, comme la régularisation des papiers, les discriminations...Or la plupart de ces femmes sont régularisées, certaines sont même françaises. L’autre élément qui facilite la pratique est que bien souvent ce ne sont pas leurs enfants. Elles arrivent donc plus facilement à s’en détacher. C’est l’enfant de la sœur, de la cousine, des enfants des rues ramassés par des complices.

Afrik.com : Finalement est-ce qu’elles regrettent ce qu’elles font ?
Amély-James Koh Bela :
Certaines finissent en larmes, submergées par le remords. Elles veulent tout arrêter, recommencer une nouvelle vie. J’ai appris qu’il y en avait deux qui avaient demandé à ce qu’on place les enfants, parce qu’elles n’avaient pas la force d’arrêter. Beaucoup de femmes continuent malgré tout à prostituer les enfants. Le problème, encore une fois, est que dans leur tête, il ne s’agit pas de prostitution. Elles le font également pour défendre le statut qu’elles ont en Afrique.

Afrik.com : Certains acteurs sociaux considèrent que le fait que vous ne dénonciez pas les parents est un acte de collaboration. Au niveau de la loi, n’avez-vous pas une obligation de dénoncer ces mères proxénètes ?
Amély-James Koh Bela :
J’ai fait un rapport sur ce dont j’avais été témoin en matière de prostitution des enfants dans les maisons que je suis allée présenter au Procureur de Paris et à la Brigade des mineurs. La Brigade des mineurs m’a dit qu’elle n’était pas au courant de ce type de pratiques, et m’a donné un numéro pour leur signaler les cas. Mais ils m’ont rappelé qu’ils ne pouvaient intervenir que s’il y avait des preuves, des flagrants délits et une plainte. Or aucun enfant ne porte plainte. Donc soit ils sont rendus à la famille, soit ils sont directement placés à la Direction des Affaires sanitaires et sociales (Dass). Ce qui est loin d’être la meilleure solution. Je ne suis pas là pour faire de la répression mais de la sensibilisation. J’explique à ces femmes ce qu’elles risquent avec ce qu’elles font. Je leur rappelle le droit des enfants. J’estime tout de même que j’ai une responsabilité vis-à-vis des enfants, parce que partir après avoir découvert ce qu’ils subissent, c’est comme si je les laissais à leur triste sort. Pour certains d’entre eux, nous avons réussi à trouver une autre personne du cercle familial pour lui demander de surveiller ces enfants.

Afrik.com : Qu’espérez-vous avec des actions qui ne soient pas répressives et des discours de sensibilisation sur ces femmes ?
Amély-James Koh Bela :
J’espère premièrement toucher la conscience de ces personnes. Parce que je refuse de croire qu’elles en soient dépourvues. Si infime soit-elle. Je souhaiterais leur faire comprendre qu’aucune misère au monde ne justifie qu’on fasse violer une enfant tous les soirs à la maison. D’autant que les enfants ont en Afrique une dimension sacrée.

Afrik.com : Vous parliez des enfants africains qu’on envoie à la Dass, faute de solutions. Mais les enfants dans la même situation ne sont-ils pas tous, d’où qu’ils viennent, logés à la même enseigne ?
Amély-James Koh Bela :
Il y a une inégalité dans le traitement des dossiers d’enfants issus de l’espace non communautaire (Europe, ndlr), donc africains. Sous prétexte que les enfants africains ne veulent pas parler, ils ne bénéficient d’aucune assistance. Alors qu’aucun enfant du milieu ne parle, c’est bien pour ça que les autorités françaises refusent de reconnaître la prostitution des mineurs parce qu’elles n’ont pas de preuves, pas de plainte ou de flagrant délit. Au contraire, les enfants issus de l’Union européenne seront tout de même suivis par des psychologues, des éducateurs, des médecins. Cela peut même aller jusqu’au changement d’identité.

Afrik.com : Qu’attendez-vous des autorités ?
Amély-James Koh Bela :
Je voudrais que les autorités fassent une analyse médicale systématique de tous les mineurs de moins de 14 ans qui sont en situation de fugue, surtout de ceux qui habitent des maisons avec des tuteurs. Un enfant sexuellement exploité, ça se voit tout de suite. Dès lors, les enfants entreraient automatiquement dans le nombre des enfants dont on doit s’occuper prioritairement.

Afrik.com : Si les enfants ne portent pas plainte, comment expliquent-ils ce qu’ils font ?
Amély-James Koh Bela :
Ils ne parlent pas, mais restent très agressifs. Ils ne parleront jamais en mal de la personne qui les a amenés. Ils estiment qu’elle leur a rendu service. Ils tiennent tous les mêmes discours. Même les enfants de sept ans ! Ils récitent ça par cœur, ce qui témoigne de la longue préparation psychologique qu’ils ont subie. « Ils sont là pour m’aider. C’est pour mon avenir. Je dois réussir. Quoi qu’il arrive. C’est difficile, mais c’est pour la famille. Je dois aider ma mère... » J’estime que c’est un véritable viol mental qu’ils ont subi. Certaines filles de 15 ans vous rentrent dedans parce que vous parlez mal de leur tante, qu’il ne s’agit pas de prostitution, qu’elles vont elles aussi se marier...Certains ne comprennent même pas ce qu’elles font dans les locaux des services sociaux.

Afrik.com : Quels messages aimeriez-vous faire passer à travers votre ouvrage et votre engagement ?
Amély-James Koh Bela :
J’aimerai attirer l’attention sur le trafic d’êtres humains. L’Afrique, en matière de prostitution, est en train de prendre tout ce que l’Europe a de plus sale pour miser ses espoirs là-dessus. Il faut expliquer aux Africains que la vie est dure, mais que ce n’est que la solidarité qui nous fera dépasser les obstacles. Le deuxième message est pour nos parents qui ont démissionné de leur rôle. On fait un enfant en essayant de lui donner les moyens d’aller plus haut. Ce sont les valeurs qu’on donne à un enfant aujourd’hui qui feront de lui l’homme qu’il sera demain. Si on apprend à un enfant qu’il doit se prostituer pour avoir de l’argent, il pensera que son corps est sa seule source de revenu. Alors qu’il peut travailler. Même si c’est difficile. Il n’y a pas encore de mafia. Ces enfants, c’est nous qui les vendons, c’est nous qui les apportons. Nous pouvons encore arrêter les choses. Le message est aussi de demander aux gouvernements de trouver des solutions pour que les enfants aillent à l’école, parce que c’est quand ils traînent dans les rues qu’ils sont en danger. A partir du moment où l’on a protégé nos enfants, nous pouvons demander à Bruxelles de nous donner la liste des pervers que les pays européens ont interdit chez eux. Nous pouvons également leur interdire l’entrée chez nous en leur refusant le visa.

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25 avril 2008

Tracy : Mon frère, mon proxénète

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Tracy : Mon frère, mon proxénète

La Camerounaise prostituée par son frère

Tracy, boursière de l’Etat camerounais, vient de terminer sa maîtrise en LEA en France (langues et civilisations étrangères) quand son frère, « grand homme d’affaires », lui demande de le rejoindre en Suisse pour y faire un stage dans son entreprise. C’est le début de son cauchemar. Tracy a 36 ans lorsqu’elle se confie à Amely-James Koh Bela.

Propos recueillis par Amely-James Koh Bela

« Je suis arrivée à Genève pour travailler avec mon grand frère dans ses sociétés. Mais le soir de mon arrivée, les ennuis ont commencé. Il m’a demandé de lui remettre mes papiers pour les mettre à jour et m’a aussitôt enfermée dans une chambre en me demandant d’être très gentille avec tous ceux qui allaient y entrer. Il m’a parlé de notre mère qui serait heureuse de savoir que j’ai épousé un homme qui va me rendre riche moi et ma famille. Malgré ce qui était en train de se passer sous mes yeux, je n’ai pas pensé une seconde que les affaires de mon frère étaient en fait le trafic des femmes et qu’il était en train de me vendre, de me prostituer. Ce fut ma première nuit avec un client : une nuit difficile. Cet inconnu qui était en moi en train de posséder mon corps, un corps que j’avais jusque-là préservé pour le prince de ma vie. Il n’a pas arrêté de la nuit. Il m’a demandé des choses dégueulasses et dégoûtantes, mais j’ai refusé la sodomie. Il est parti furieux et a laissé beaucoup d’argent sur la table. Le matin, mon frère est venu me gronder, il m’a giflée et m’a menacée en me disant qu’il ne me laissera pas détruire les affaires qu’il avait mis longtemps à monter. Il m’a dit qu’il le faisait pour nos parents pour qu’ils ne manquent de rien...

« Comme une chienne en cage »

C’est à ce moment que j’ai compris que mon frère tant aimé, tant respecté, était un "proxo". Et j’ai alors fait le rapprochement avec une histoire survenue trois ans plus tôt, avec une cousine qui a écrit à nos parents pour se plaindre de ce que mon frère l’avait vendue à des Suisses. Mais personne n’y a cru, nous avons tous pensé à de la jalousie à cause du statut de mes parents qui fait jaser. Je ne peux pas croire que mon frère me prostitue, qu’il me frappe. De peur que je ne me sauve, il m’a droguée et m’a vendue dans un bordel en Hollande. Dès mon arrivée, la mère maquerelle, une vielle femme africaine est venue me violenter en m’attrapant par les cheveux et m’a fait comprendre que j’étais son esclave et que je lui avais coûté cher. J’apprends que j’ai une dette de 20 000 dollars, ce qui équivaut à 5 années de travail à plein temps. Elle me jette des bodys et des strings pour que je me prépare pour la nuit. Pendant 5 ans, je vais travailler pendant des heures, exposée dans une vitrine presque nue, livrée au regard des passants jour et nuit. Comme une chienne en cage. Des dizaines de clients à satisfaire par jour, la douleur au fond des entrailles, la violence, l’alcool, la drogue, pour soutenir le rythme infernal imposé par la cadence des clients...

Je me sentais sale, une machine à foutre, une poubelle, une vraie merde, je n’avais plus de larmes, ni de force, c’est dans la drogue que je me réfugiais. Mais je n’étais pas encore au bout des mes surprises. J’envoie un peu d’argent à ma famille qui ignore tout de ma situation...Un jour, je tombe sur un client suisse fortuné. Il viendra me voir pendant quatre journées d’affilée. Il finit par me réserver pour le week-end. Dans son hôtel, il a eu pour son argent. Pour me permettre de souffler, il me posait des questions sur la tristesse de mon regard, mes performances, ma beauté... Et c’est ainsi que le dernier soir, il m’a proposée de le suivre en Suisse. Je lui suis vendue assez cher, mais il donne un peu plus que ce que lui demande la mère maquerelle. Le lendemain, j’étais à nouveau en Suisse, suivant un inconnu, mon nouveau propriétaire qui me traîne partout comme une chienne en laisse. Mais je lui ai dit que je n’y connaissais personne.

Epouse, mère mais toujours « sa pute »

Chez lui, il m’installe dans une chambre. Il est aux petits soins, mais il a une relation de client et de prostituée avec moi. Je dois le satisfaire autant de fois qu’il veut dans la journée ou dans la nuit et ceci n’importe où. Ma vie dépend de ses envies. Je suis son esclave, sa chose, et, même s’il met tout en œuvre pour que je décroche de la drogue, il m’a sortie de la cage en verre et m’a mise dans une autre. Je mène exactement la même vie sauf que je n’ai qu’un unique client. Mais les aphrodisiaques dont il abuse me mettent dans un sale état car j’avais l’impression d’avoir reçu vingt clients dans la journée...Après trois ans de prostitution à domicile, il m’épouse malgré lui parce que je suis enceinte. Je lui fais une petite fille après le fils aîné. Mais à la maison, notre relation n’a pas changé. J’ai ma chambre et c’est là que tout se passe. Je ne suis pas assez propre pour lui pour coucher dans son lit. Je ne dors jamais avec lui. Je suis juste sa pute, parfois, il me paie quand j’ai été ’bonne’. Adepte de l’échangisme, il me prête souvent à ses copains parfois pendant des jours et il reste avec les enfants.

Ainsi d’après lui, c’est l’argent que je gagne de cette façon que j’enverrai à ma famille et non le sien qui appartient à ses enfants uniquement...Malgré la situation qui peut être enviable pour les filles qui ne savent pas la vérité, je vis un enfer au quotidien. Je passe à la casserole à tout moment, mon mari et des inconnus sont mes clients. C’est horrible et je n’ai pas le choix. Je supporte cette vie de chien, je suis violentée et violée si je dis non. Mais pour ma famille et mes amis, j’ai réussi ma vie, j’ai épousé un riche Suisse et j’ai fondé une famille. La réalité est toute autre, je suis une pute à domicile, mariée à un pervers, je mène une vie de merde et je me consume lentement, je ne sais pas jusqu’à quand... »

25 avril 2008

Kitine : Objet sexuel « acheté » sur Internet

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Kitine : Objet sexuel « acheté » sur Internet

La Sierra Léonaise est devenue l’esclave sexuelle de l’homme qui voulait l’épouser

C’est via Internet que Kitine, 21 ans, rencontre un Français qui lui demande des photos d’elle nue. Au bout de deux semaines d’intenses conversations virtuelles, il la demande en mariage et elle accepte. Kitine pense ainsi fuir la Sierra Léone alors à la dérive. Mais elle retrouve en France un enfer qu’elle ne soupçonnait pas.


Propos recueillis par Amely-James Koh Bela

« Je l’ai rencontré sur Internet et très rapidement nous sommes tombés amoureux. Il m’a très vite demandée en mariage. J’ai accepté, ma famille aussi, contente que je parte de cet enfer. Au bout de trois mois, je me suis retrouvée à Lyon. Tout de suite, j’ai compris qu’il y avait un problème. Dès mon arrivée, il s’est montré très insatiable sexuellement parlant. Je me posais des questions sur ses tendances, la violence de ses étreintes et la bizarrerie de ses pratiques. J’avais tellement peur qu’il me renvoie en Afrique et cherche une autre femme que j’ai cédé à tous ces délires. Dès qu’il partait, je pansais mes blessures, je prenais des comprimés pour apaiser mes douleurs et je me reposais. Car dès son retour, le calvaire allait recommencer. Il était de plus en plus violent. Il m’attachait les pieds et les mains dans des positions inconfortables. J’étais au bord du malaise. Il me faisait très mal : il me pinçait les tétons avec des pinces à linge...

« Le prince charmant s’était transformé en crapaud »

Il ne parlait plus de mariage. Mon visa était arrivé à expiration et je suis devenue clandestine. C’est à ce moment qu’il a commencé à me faire du chantage. Le prince charmant s’était transformé en crapaud. Pour ne pas décevoir ma famille, j’ai tout supporté. La considération qu’elle avait pour moi était basée sur des fausses informations. Mais cela me faisait plaisir de lire les lettres pleines de joie de ma mère qui allait à l’église tous les jours pour remercier le Dieu pour ce fabuleux destin qu’il avait prévu pour sa fille...

La violence de Jacques est passée au stade supérieur quand il s’est mis à me fouetter, à me brûler le sexe avec la cire de bougie allumée ou à me brûler les tétons avec la cigarette. C’est en voyant mes souffrances et en m’entendant crier ou pleurer qu’il prenait son plaisir. Et c’est en m’aidant à soigner mes brûlures qu’il me témoignait son amour. C’était de plus en plus cruel, criminel... Le pire a été atteint quand il m’a brûlée une fesse avec une plaque de fer chaud. J’étais à plat ventre et je ne l’ai pas vu venir. J’avais les yeux fermés et j’attendais un coup de fouet, à la place, j’ai senti une douleur insoutenable qui m’a paralysé la jambe pendant un moment. J’ai alors poussé un cri qui a réveillé la moitié de l’immeuble. J’étais sérieusement brûlée et il m’a emmenée à l’hôpital. C’était gênant de justifier cette marque de fer sur la fesse. Je suis sûre qu’ils avaient compris que mon fiancé était un pervers sadomaso brûleur et fouetteur de femmes...

Celle qui ne fut pas esclave de la fatalité

Un jour, il m’a attaché les pieds et les mains et m’a suspendue au plafond sur un crochet qu’il avait installé. Ainsi pendant des heures, il jouait avec mon corps en me mettant des bougies, des légumes ou autres accessoires dans le corps. Plus d’une fois, je me suis évanouie. Et un jour, le crochet s’est dévissé et je suis tombée en me cassant trois dents sur le carrelage. Mon médecin, mon dentiste et mon gynéco se sont concertés car ils pensaient à une maltraitance conjugale. Voyant que je ne disais pas un mot, ils ont alerté les services sociaux. Ça devenait difficile de cacher les bleus, les brûlures et surtout, ses initiales marquées au fer sur mon épaule comme une esclave.

Cet enfer a duré six ans et tout le quartier était au courant. J’ai rencontré des assistantes sociales en cachette, car je ne voulais pas, malgré les sévices, porter plainte. Mais j’étais d’accord pour partir, lui annoncer mon départ et ensuite faire le nécessaire pour fuir loin de lui. Avec l’aide de l’assistante sociale, on lui a fait signer des engagements pour qu’il ne m’approche plus sinon il serait arrêté...Aujourd’hui, je suis sortie de là et je suis femme de ménage. Je porterai à vie ses initiales sur mes épaules. Je voulais faire comme les autres filles, trouver un mari blanc qui me sorte de la misère, je suis tombée sur un malade qui m’a trompée et qui a failli me tuer. Que ce témoignage serve aux filles, il n’y a aucune sécurité derrière les annonces. On peut tomber sur des criminels, il faut faire attention... »

25 avril 2008

Virginité vendue

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"La personne que je considérais comme ma mère a vendu ma virginité"

Témoignage de Poupy, jetée dans la prostitution en Europe

Poupy est une jeune femme d’origine ivoirienne de 36 ans. Une carrière de vingt-deux ans dans la prostitution en Europe, dont sa propre tante est à l’origine, lui a laissé bien évidemment de nombreuses séquelles corporelles et morales.


Propos receuillis par Amely-James Koh Bela

« C’est à partir de 12 ans que ma vie devient compliquée. Tout le monde me trouve belle et intelligente et c’est un défilé permanent chez mes parents pour des réserves en mariage (on demande d’avance la main de la jeune fille, ndlr). C’est un honneur d’avoir une fille aussi sollicitée. Je suis trop jeune encore et mon père veut que je fasse des études, donc il dit non à tous. C’est vers 14 ans que la soeur de ma mère qui vit en Hollande et qui semble y avoir réussi, demande à ma mère de me laisser avec elle. Non seulement, je vais faire de belles études, mais aussi, elle se chargera de me trouver un mari riche car elle en a trouvé plusieurs pour les filles des autres. Si seulement j’avais su ce qui m’attendait chez les Blancs, je serais restée bien au chaud chez mes parents. Mais à 14 ans, comment savoir, comment se méfier de ma tante si gentille, si généreuse, une personne au dessus de tout soupçon ? C’est ainsi que je me suis retrouvée à Amsterdam.

Ma tante, mon proxénète

Elle a pris mes papiers pour s’occuper de ma régularisation et je ne les ai plus revus. Elle m’a dit que le système scolaire hollandais était différent et que j’allais intégrer l’école au second trimestre. C’est alors qu’à la maison, un défilé bizarre d’hommes d’un certain âge qui me regardaient sous toutes les coutures comme une bête curieuse, a commencé. Ma tante m’avait habillée et maquillée comme une pin-up. Je faisais cinq ans de plus, ces hommes me touchaient et me tâtaient de partout. En fait, elle avait mis en vente ma virginité et pendant tout ce temps, elle cherchait le plus offrant. Cette femme que je respectais, que j’adulais, que l’idolâtrais, était devenue une inconnue pour moi, une étrangère, une vendeuse d’enfant, une trafiquante d’être humain...

C’était difficile de la regarder, je la détestais. Un jour elle est venue à la maison et m’a demandé de rassembler mes maigres affaires, car un Monsieur allait venir me chercher pour quelques jours. Elle m’a demandé d’être gentille avec lui et de faire tout ce qu’il allait me demander car c’était un mari potentiel, un homme riche et influent qui s’occuperait de mes études et de nos parents en les faisant venir en Hollande. Ce qui serait magique pour maman... Je me suis mise à crier et à pleurer tellement fort qu’elle m’a attrapée et m’a giflée pour que j’arrête. Elle m’a dit de ne pas gâter (compromettre, ndlr) ses affaires. C’est tremblante et terrorisée que je suis entrée dans la luxueuse voiture du Monsieur et que je suis partie dans la nuit avec un inconnu pour une destination que je ne connaissais pas...

Séquestrée par un vieux pédophile

Après un long voyage en voiture pendant lequel le Monsieur a été un peu gentil avec moi - mais cette gentillesse va disparaître dès notre arrivée - nous arrivons dans sa luxueuse villa. Il donne des instructions à une domestique pour moi. On m’installe dans une chambre, la femme me prépare un bain et c’est Monsieur qui me le donne, je tremble et je ne sais ni où je suis, ni ce qui va m’arriver. Mais je l’ai su rapidement. Il m’a sauvagement violée toute la nuit - je n’avais pas tout à fait quinze ans - en me demandant des choses sales que je ne connaissais pas. Cela va durer des mois et plusieurs fois par jour, sans que personne ne vienne à mon secours. Seule la femme de service m’aidait pour la toilette et me surveillait pour que je ne m’échappe pas. Ainsi qu’un vieux médecin de famille qui passait souvent soigner mes blessures et soulager les douleurs des longues et douloureuses sodomies sauvages dont j’étais victime. J’étais sa chose, son esclave, il m’avait achetée très cher, je lui appartenais, vendue par celle que je considérais comme ma mère...

Je suis restée deux ans dans cette villa et je suis devenue, à 17 ans environ, trop vieille pour cet amateur d’adolescentes, il a acheté une autre fille d’origine congolaise. Et il m’a vendue à un photographe suisse pour magazines pornographiques à qui il m’a chaudement recommandée pour mes formes. Je n’étais pas la première fille dans cette villa, il en achète en moyenne tous les deux ans, et les revend avant 18 ans car à cet âge elles sont trop vieilles pour lui. A 17 ans à peine, je commençais une carrière de mannequin de charme comme il disait. Ce Monsieur va changer ma vie, il m’achète des vêtements, m’emmène chez le coiffeur, me donne de l’argent, beaucoup d’argent, mais en contrepartie, me fait travailler comme une esclave et me fait faire des choses tellement dangereuses qu’elles mettent ma vie en danger. Il héberge deux autres filles dont une Gabonaise et une Bulgare.

Mes entrailles dévastées

Notre travail consiste à faire des photos de fist fucking. Ce sont des scènes où nous sommes pénétrées par toutes sortes d’objets (carottes, aubergines, concombres, bananes ou d’autres fruits, des bouteilles ou encore des mains entières ou des pieds ou les deux. Ou même plusieurs fruits ou légumes dans tous les orifices possibles. Ce sont nos organes spectaculairement dilatés, au bord de l’explosion et de la déchirure, qui sont photographiés. C’est très douloureux. Mais les amateurs de ces photos sont très demandeurs et le marché explose. Pendant que le photographe fait son travail, il y a un caméraman qui filme et ils feront des cassettes qui vont rejoindre les sex-shop du monde entier. Pour soutenir la douleur qui nous déchire les entrailles, nous sommes droguées et pour des scènes comme celles de bouteilles ou de poings, il est arrivé qu’un médecin nous fasse des petites anesthésies locales ; car les premiers films montraient nos larmes et notre douleur. Sur les photos, en filmant juste l’essentiel, on ne montrait pas nos visages figés et tétanisés par la douleur...

Je suis incapable de décrire cette douleur qui vous arrache les tripes. Imaginez le poing d’un homme entièrement enfoui dans votre corps et que ce poing soit en mouvement. Plusieurs fois, je me suis évanouie de douleur, et plusieurs fois déchirée et recousue. Des gens paient des sommes folles pour visionner les cassettes de ces actes barbares chez eux. Une fois le petit effet anesthésiant parti, on a l’impression que l’intérieur du corps est en train de brûler. C’est à ce moment là, que Rolf a commencé à nous droguer et à nous donner de l’alcool et d’autres comprimés qui nous faisaient parfois oublier ce qu’on avait fait la veille. C’est la douleur dans la zone génitale qui nous rappelait la vérité. On dormait la journée et on travaillait la nuit. Ce calvaire a duré des années, nous changions souvent de pays : Italie, Espagne, Allemagne, France, surtout le Sud en été, il y a de gros clients.

Si tu savais ma vie...

Aujourd’hui, à 36 ans, mon corps est détruit : prostituée, battue et violée. Aujourd’hui, la drogue, le sexe et les choses que j’ai laissées mettre dans mon corps m’ont détruite. Mes muscles ont tous lâché et je suis sujette à des fuites au niveau de tous les orifices. Je traîne et porte en permanence de grosses protections que je dois changer toutes les deux heures à cause des fuites et des mauvaises odeurs. Je n’ai plus de vie de femme, aucun homme n’a envie de moi dès qu’il voit l’étendue des dégâts, surtout le long traitement de mes multiples infections. Je ne vis que pour la drogue et pour ma famille que je gâte mais qui ignore tout. Dieu seul sait comment tout cela finira. On m’a mis dans la merde et aujourd’hui, je me bats seule, je ne peux plus rentrer. Je ne saurais expliquer les marques sur mon corps et je risque de manquer de drogue. Ici, j’ai mes habitudes et mes clients. Je suis là parce que la personne que je considérais comme ma mère a vendu ma virginité. »

25 avril 2008

Lolita : Son calvaire commence à Benin City

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Lolita : Son calvaire commence à Benin City



Témoignage d’une prostituée rongée par le sida

Lolita est Nigériane et a seulement 26 printemps lorsque son témoignage est récolté. Son parcours est une illustration parfaite du calvaire de plusieurs milliers de femmes africaines. La prostitution a fait d’elle une droguée et une alcoolique que le sida précipite dans les bras de la Grande Faucheuse.


Propos recueillis par Amely-James Koh Bela

« Si seulement j’avais su ce qui m’attendait dans ce monde de fou, ce monde que tout le monde admire, ce monde où ils veulent tous venir, [...] Un monde où, nous les prostituées africaines, sommes considérées comme de la merde, des esclaves à qui on fait manger des excréments et boire des urines. On trouve normal que des malades, des pervers, des gens riches utilisent leur pouvoir et leur argent pour faire des choses aussi graves sur des êtres humains.

On dit que nous sommes adultes donc consentantes. C’est faux car personne ne m’a demandé mon avis avant de me jeter dans cette merde. J’ai été forcée et menacée. Et si nous sommes adultes, que fait-on des enfants qui sont dans ces milieux ? Des enfants de tous les âges. Et plus ils sont jeunes, plus ils coûtent chers. Ce ne sont pas les pauvres qui peuvent payer des sommes aussi énormes, leurs salaires ne suffiraient pas...

« Je n’ai plus peur »

Je suis révoltée et je n’ai plus peur, de toutes les façons mes jours sont comptés. Mon sida est en phase terminale. Ils ont plus de respect pour leurs chiens que pour nous, je sais que toutes les filles ne passent pas par les mêmes étapes que moi. Mais je sais ce qui se passe dans ce milieu et les filles nient tout par peur des représailles. Leur argent leur donne des droits sur notre vie... Si la drogue, le sida et l’alcool ne me tuent pas, leurs saletés que j’ai avalées ainsi que celles de leurs chiens sans oublier tous les coups que j’ai pris, suffisent à me tuer...

J’ai supplié le Dieu de me pardonner et de me reprendre. Personne ne peut vivre avec ce que j’ai dans la tête, il suffit que je ferme les yeux pour que ces horreurs me reviennent. Et tous les jours, toutes les nuits c’est le même calvaire, c’est une torture. Que quelqu’un m’aide à en finir, je n’ai plus la force de tenter quoi que ce soit. Bon Dieu ! Je voudrais juste une moment de répit, un repos. En finir avec ce monde, partir, partir, juste partir...

Recrutée sur Internet

Mon calvaire à commencé à Lagos, je suis tombée sur une annonce sur Internet où un homme d’affaires cherchait des filles désirant se marier pour son agence matrimoniale. Il y avait des photos : des cas de mariage réussis. J’ai aussi répondu à des annonces dans des magazines qu’on trouve un peu partout maintenant. C’est allé très vite. Le Monsieur m’a contactée et nous communiquions par Internet. Il m’a proposé des choses qu’aucune femme ne peut refuser. Le rêve quoi ! En moins de trois mois, j’avais tout le nécessaire pour partir pour Londres. Il m’avait donné des noms de personnes à voir et tout s’est passé sans problème. Il fallait juste que j’aille à Benin City (ville du Nigeria, ndlr) chercher un petit colis pour lui. J’ai été très surprise de voir que le colis en question, c’était trois petits garçons entre huit et douze ans. Leurs passeports étaient prêts, les visas aussi. Tout était ok. Je suis allée voir un Monsieur que les gens appelait "sorcier" qui m’a donné des instructions.

Notre voyage passait par le Ghana et là-bas, quelqu’un d’autre devait nous remettre des passeports du Libéria, et c’est avec ces nouveaux passeports que nous sommes partis pour Londres. Ils nous permettraient d’obtenir plus rapidement le statut de réfugiés à destination. Nous sommes partis après trois jours dans un bidonville d’Accra où nous devions nous cacher, pour éviter la jalousie de ceux qui n’avaient pas notre chance... Le plus jeune des garçons est tétanisé par la peur : il pleure beaucoup, il tremble et ne dit pas un mot, seul refuge, mes bras qu’il quittera juste pour que j’aille aux toilettes ou me laver...

Des enfants sans défense

A l’aéroport, mon fiancé m’attendait ainsi que celui qui devait récupérer les enfants. La séparation fut pénible. Il a fallu beaucoup de force pour détacher le plus jeune garçon de moi, je n’ai d’ailleurs plus vu ou eu des nouvelles de ces enfants. J’ai suivi cet homme dont je ne savais rien sinon qu’il se faisait appeler "BRYAN". A peine arrivée chez lui, le cauchemar a commencé. D’abord, il fallait faire plus ample connaissance. J’ai voulu résister pour lui expliquer que j’avais besoin d’un peu de temps, que ce n’était pas facile de se donner ainsi à quelqu’un qu’on connaît à peine. Mais la fermeté avec laquelle il m’a attrapée m’a fait céder immédiatement. Mes premières heures sur le sol anglais furent des heures de viol sur le tapis d’un salon. Je ne devais rien dire. Il se reposait, buvait du whisky et recommençait des choses douloureuses et dégoûtantes dont j’ignorais l’existence. J’ai cru que j’allais mourir.

J’étais obligée de faire ce qu’il voulait, je ne connaissais que lui, et il avait pris mes papiers. Après avoir abusé de moi, il m’a demandé de visionner des cassettes où on voyait des filles avec des animaux et il m’a dit de bien regarder ce que faisaient les filles. Car je devrais en faire autant. Ma venue lui avait coûté beaucoup d’argent que je devais rembourser. Et aussi, comme il est gentil, il va nous trouver des marchés, des tournages et nous partagerons l’argent à parts égales. Il m’a dit qu’il me donnerait quelque chose pour me donner le courage car il m’en faudrait, mais au bout, il y a de l’argent. Beaucoup d’argent. Le petit truc pour me donner du courage, c’est de la drogue. C’est ainsi que, trois semaines après mon arrivée sur le sol anglais, je suis devenue actrice de films X avec les animaux entre Amsterdam, Berlin, Paris et Londres, ma résidence.

Des femmes et des animaux

Une à deux fois par semaine, j’allais dans des studios de tournage ou chez des particuliers tourner ces cochonneries. Parfois le maître du ou des chiens nous rejoignait et ça donnait une scène qui donne la nausée. Le chien et son maître en même temps, avec l’épouse qui regarde ce cirque, amusée, en sirotant un cocktail. Je me droguais et buvais un coup avant car je n’aurais pas pu le faire sans planer. Ces animaux en moi, leur bave, leur poils, leur mauvaise haleine, les coups de griffes et la violence due aux encouragements des maîtres dont les ordres peuvent faire passer le rythme des animaux de mou à violent. Et vous en dessous, vous encaissez ces coups. Je pleurais, je criais, les yeux fermés, je priais encore ce Bon Dieu de me prendre. Qu’est ce que j’étais en train de faire ? Ma pauvre mère en mourrait si seulement elle le savait. Pour éviter qu’elle se pose des questions, je lui envoyais de l’argent et des photos soigneusement mises en scène par Bryan...

Le pire des moments était quand il fallait faire des caresses buccales à ces animaux. Ne pouvant pas leur mettre des préservatifs, les rapports étaient sans protection et le Monsieur disait que je ne risquais rien car Dieu avait bien fait les choses. Il était impossible qu’une fécondation ait lieu. Pendant des années, je n’ai fait que ça : des milliers de litres de déjections animales dans mon estomac. Mon corps est tellement sale qu’aucun enfant ne peut se développer dedans. Un jour pour agrémenter les tournages, la femme du maître des chiens est allée chercher des chiots de quelques jours qu’elle a mis à mes seins. C’était très douloureux car ils tiraient de toutes leurs forces car rien ne sortait. Les professionnels revendent ces cassettes par milliers dans le monde et les particuliers se les repassent à domicile entre soirées avec des amis pervers autour d’une bouffe.

Ma famille vit bien et moi je vis avec le sida

Je dois avouer que j’ai eu beaucoup d’argent. J’ai construit chez moi et ma famille vit bien. Je paie la scolarité des plus jeunes et je suis respectée et adulée. Ma famille est fière de moi, car elle ignore tout. Par gourmandise, j’ai augmenté les cadences de tournage, cela a aussi augmenté mes revenus, mais aussi les doses de drogue et l’alcool. Pendant les périodes mortes, il me prêtait à un ami dans le Sud de la France, car pendant l’été, dans certains bateaux au bord de la mer, avec l’arrivée de célébrités, il y a un grand marché de prostituées et de la drogue. Il y a des orgies des nuits entières et ça rapporte gros. Ça permet de changer d’activités et de se faire de l’argent toute l’année.

C’est peut-être là-bas que j’ai contracté le virus du sida, mais n’étant pas surveillée de façon régulière, la maladie a été découverte trop tard, j’ai été abandonnée sur la plage de Saint Tropez. Bryan a disparu et changé d’adresse. C’est une prostituée polonaise qui m’a aidée mais comme elle ne pouvait plus assumer mes doses de drogue, en plus de tout ce qu’elle faisait pour moi, elle m’a présentée à une fille africaine dans le métier qui m’a parlé de cette association qui s’occupe des femmes africaines atteintes de sida... Ma maladie est en phase terminale, je n’aurai pas trente ans, mon corps est recouvert de boutons infectés, je suis droguée, anorexique, alcoolique. Et il m’arrive encore de faire des passes, mais je fais attention aux clients qui ne savent rien de ma situation. Je ne les mets pas en danger, c’est pour me payer mes doses de drogue et l’alcool. Je prends ces cochonneries pour accélérer ma fin. Les images me torturent et c’est un poison qui me tue à petit feu. C’est la pire des morts... Qu’est ce que je regrette d’être venue dans ce monde. Chez moi, je serais saine, épouse et mère... »

25 avril 2008

Prostituée marlgré elle

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Prostituée malgré elle

 

prosJany, c’est ainsi que nous l’appellerons, vient d’arriver à Paris. Originaire du Burkina Faso, violée, battue, exploitée, elle pensait qu’en Europe sa vie allait enfin devenir acceptable. A vrai dire, elle n’a pas eu le choix. Emmenée de force avec sa sœur, sous la pression d’incantations initiatiques et de menaces de mort, elle se retrouve là à vendre son corps, à 20 ans, sur les trottoirs de la capitale. Malgré les risques, elle a accepté de raconter son histoire.


« Mon père est mort quand j’avais huit ans. Comme j’étais issue d’une famille polygame et que ma mère ne gagnait pas assez d’argent pour nourrir tous ses enfants, elle m’a envoyée chez une tante, une sœur de mon père qui habite à Bobo Dioulasso, avec une des mes sœurs. Cette femme nous obligeait à faire toutes les corvées. Elle refusait qu’on aille à l’école. Il fallait balayer, puiser l’eau, laver par terre, faire la lessive, cuisiner, repriser les vêtements... On avait à peine le temps de dormir. Dès que nous traînions un peu, elle nous chicotait. Son mari, lui, profitait de nous. Au début, il nous touchait et on pensait que c’était des gestes affectueux. Et puis, un jour, il nous a violées, toutes les deux. Ça nous faisait mal mais il continuait. Il a fait ça plusieurs fois. Avec ma sœur, nous avons voulu fuir. Une nuit, nous avons fugué et nous avons marché sur la route du village où logeait maman. Après plusieurs jours de marche, nous avons retrouvé notre mère. Elle était furieuse. Elle n’a pas pris la peine de nous écouter et elle nous a déposées dès le lendemain dans un bus pour Bobo-Dioulasso.

Prostituée par son oncle et sa tante

Quand nous sommes revenues chez notre tante, les choses se sont gâtées. Elle et son mari nous ont dit que nous ne servions à rien, que nous leur coûtions de l’argent. Depuis lors, tous les soirs, le mari nous accompagnait dans un maquis un peu plus loin pour mendier. Là-bas, on devait charmer les clients pour qu’ils nous donnent de l’argent. Ça voulait dire en fait faire l’amour. Et puis nous rapportions l’argent. Le patron du maquis nous surveillait. Nous ne pouvions pas nous enfuir, ni même tricher. Sinon, mon oncle et ma tante nous chicotaient. Moi, j’avais quinze ans et ma sœur, dix-huit ans. Peu de temps après, une des filles de ma tante nous a dit qu’elle avait une solution pour nous. Elle nous a dit qu’elle pouvait nous aider et que, grâce au patron du maquis, on pourrait partir en Europe. Pour nous, ça voulait dire être riches et tranquilles.

Ma tante, mon oncle et le patron du maquis nous ont emmenées voir un marabout pour célébrer le départ, nous protéger pendant le voyage et nous assurer fortune et bonheur. Le début du voyage devait commencer par le Nigeria. Notre tante nous a accompagnées jusqu’à Bénin-City. Là-bas, une connaissance de ma tante nous a dit que pour aller en Europe, il fallait passer des castings. Lorsque nous sommes arrivées, des femmes dansaient, des hommes criaient. C’était une grande fête. Il y avait un autre marabout et beaucoup de jeunes filles comme nous. Le marabout nous a fait boire des boissons à base de plantes. Tout s’est mis à tourner autour de nous. Je me souviens qu’on nous a forcées à nous déshabiller.

Epreuves initiatiques

Le marabout disait qu’il fallait réussir plusieurs épreuves. Des femmes nous montraient comment faire l’amour et il fallait faire les meilleures fellations. Ça a duré plusieurs jours. C’était la condition pour pouvoir partir. Mais une fois là-bas, nous ne pouvions plus faire machine arrière. Le marabout et ceux qui l’assistaient menaçaient de tuer notre mère et nos frères si nous n’obéissions pas. Le jour du départ, le marabout et ma tante nous ont montré deux petites pochettes dans lesquelles il y avait nos rognures d’ongles, des poils et du sang qui nous appartenaient. Ils disaient que, grâce à ces sachets, ils pouvaient agir sur nous comme ils le souhaitaient et tuer nos parents si on ne leur envoyait pas l’argent pour rembourser les frais du voyage. Notre tante nous a dit qu’on avait tout intérêt à obéir, que c’était une chance pour nous et qu’elle attendait beaucoup d’argent de notre part.

Nous, nous savions ce qu’on allait devoir faire. Nous ne voulions pas faire ces choses. C’était dégoûtant et ça faisait mal. Mais, nous pensions qu’en Europe, la vie allait être plus facile. Et de toutes façons, nous n’avions pas vraiment le choix.

Rêve d’une vie meilleure

Nous étions une dizaine à partir. Le voyage a duré plusieurs mois. Nous prenions des bus ou des taxis brousse. A chaque escale, ceux qui nous emmenaient nous faisait travailler, malgré la fatigue et les douleurs. Pour passer d’un pays à l’autre, il nous fallait de nouveaux papiers. C’est au Maroc, puis en Italie et en France, que nous avons eu le plus de problèmes. En Afrique, les passeurs s’arrangeaient avec les policiers et les douaniers. Souvent, il suffisait d’un bakchich. Mais quand nous sommes arrivés au Maroc, à Tanger -, nous avons eu peur de ne pas pouvoir sortir. Il y avait beaucoup de clandestins. Certains attendaient depuis plusieurs mois pour pouvoir traverser la mer. Nous avons finalement pu passer assez rapidement. Les passeurs nous ont donné des passeports venus d’Italie. Puis nous avons pris le bateau.

Nous avons travaillé quelques jours en Italie. Je ne pensais pas qu’il y avait autant d’Africains là-bas. Je me suis rendu compte qu’ils étaient malheureux. Les clients, des Italiens, nous prenaient de haut et parfois nous maltraitaient. Nous sommes arrivées à Paris il y a deux mois seulement. Les Français semblent plus gentils. Nous sommes toutes très fatiguées et je ne me rends pas encore bien compte. Tout ce que je souhaite, c’est trouver un mari, recommencer une nouvelle vie. Mais pour ça, il faut que je rembourse et donne de l’argent à ma tante. Les mamas qui s’occupent de nous ici nous ont conseillé de faire tout ce qu’elles demandent. Une des filles a essayé de partir. Elle s’est fait battre et on l’a menacée de mort, elle et sa famille. J’ai peur pour ma sœur et pour ma mère. »

Témoignage recueilli par Nathalie Rohmer pour Afrik.com. 

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Mayina
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